Au musée des Beaux-Arts de Rouen - Lycée des Métiers Les 4 Cantons - Grieu

Au musée des Beaux-Arts de Rouen

Dans le cadre du projet photographique de la classe de 3ème, nous avons découvert le musée des Beaux Arts. Suite à la visite guidée sur le thème du portrait, les élèves ont réalisé des photographies dans le musée. Ce sera l’objet d’un autre article.

, par Fourmage F.

Visite au musée des Beaux Arts de Rouen le 25 janvier et le 8 février 2024 avec des élèves de 3ème Prépa Métiers.

Dans le cadre du projet photographique de la classe de 3ème, nous avons découvert le musée des Beaux Arts. Suite à la visite guidée sur le thème du portrait, les élèves ont réalisé des photographies dans le musée. Ce sera l’objet d’un autre article.

Accueillis par deux conférenciers, Manon, le 25 janvier et Bruno, le 8 février, nous avons abordé le thème du Portrait.

Qu’est-ce qu’un portrait ?

C’est un personnage, une figure, un être humain. C’est une représentation de quelqu’un qui a existé.
Cela n’est pas anodin, on peut découvrir la psychologie de la personne.

Cela n’est pas une représentation ou une illustration. Par exemple, Le Petit Chaperon Rouge est une représentation. Il n’a pas existé réellement.

Un autoportrait représente le peintre lui-même. On peut parler de « selfie » désormais avec la photographie.

Le premier tableau aperçu a été : Un vendredi au salon des artistes français, peint en 1911par Jules Grün.

La scène se passe au Grand Palais, à Paris. C’est un portrait de groupe.
On remarque les vêtements des hommes et des femmes. Les femmes ont des chapeaux et sont vêtues de couleurs vives. La femme n’avait pas le droit de porter un pantalon ( loi présente jusqu’à la fin des années 1980 en France). Les toilettes sont très chères et luxueuses. Le but est de se faire voir, de se faire remarquer. Le corset aminci la femme, mais elle a le souffle coupé : cela a une incidence sur la liberté des femmes. On cache le corps. L’homme porte un chapeau : c’est normal à l’époque. Il est vêtu de noir, à la mode anglaise. Son vêtement est agréable et fait pour aller dehors.
Boutonnage à droite pour les hommes
Boutonnage à gauche pour les femmes
La fermeture éclair démocratisera le vêtement qui deviendra unisexe.
Les vêtements parlent de la société.

Puis, nous avons découvert Un repas de Noces à Yport peint par Albert Fourié en 1886.

Les gens qui viennent de la ville sont différents des gens de la campagne. Un châle est couteux comparé à la blouse bleue toute simple (la blaude) du paysan.
Le mariage entre 2 personnes a été dans un périmètre de 20 kms pendant des siècles.

Pourquoi réaliser un portrait ?

Cela permet de laisser une trace, de montrer ce que l’on est. Le personnage devient immortel ainsi.
Cela permet de garder le souvenir. Cela marque un moment du temps. Cela permet de combattre le temps. Le portrait évoque la personne, ses goûts, son caractère.

Pline l’ancien raconte d’ailleurs l’histoire d’une jeune fille qui a peur de perdre l’image de son amoureux, amoureux qui doit partir à la guerre. Elle réalise donc un portrait à l’aide de charbon pour garder le souvenir de la personne. Ce serait l’origine du portrait.

Au XVIIème siècle, entre 750 000 et 1 million de portraits sont réalisés en Europe du Nord, aux Pays Bas. C’est un siècle luxueux. C’est la mode du portrait à l’époque. Le portrait coûte cher.

Avant cette époque, seuls les rois, les reines, les aristocrates, en fait les gens importants, qui ont de l’argent, se font faire un portrait. Mais de nouvelles classes sociales existent et ont aussi des moyens. Ainsi, la bourgeoisie commande des portraits.

Deux tableaux des Flandres présentent ainsi des portraits de « gens importants » : les regards sont sérieux, graves, ils regardent en face (le peintre et nous même d’ailleurs !). Les couleurs sont très sombres (noir, marron, gris) : c’est la tendance de l’époque. On représente les gens tels qu’ils sont : c’est réaliste. Même les défauts sur le visage, par exemple, sont présents.

Les détails permettent de voir le milieu aisé de la personne : les vêtements, la fourrure, les bagues aux mains, un livre dans les mains. Tout le monde ne sait pas lire à l’époque ; les garçons sont éduqués dans les milieux aisés ainsi que les filles ; c’est aussi dans l’un des tableaux, un livre de musique religieuse, la personne croit en Dieu, un gant (symbole de richesse) ; on voit la place dans la société.

Le soldat au nœud rose de Jacob Ferdinand Voet (1639-1700)

Représentation d’un militaire avec un nœud rose (dérivé du rouge, couleur attribuée aux garçons à l’époque ; le bleu représente par contre les filles (rapport à la vierge Marie). Il a les cheveux longs : c’est un symbole de virilité et de puissance. Les stéréotypes sont inversés. Au XIXème siècle, ce sera la mode des petits marins : le bleu sera désormais la couleur réservée aux garçons.

Jeune femme sur son lit de mort peint vers 1621. Anonyme, École flamande.

Le tableau montre une vision réaliste de la mort, sans arrangement de la part du peintre. On peut noter l’absence d’éléments religieux, et la position du cadavre laisse encore transparaître les derniers efforts du corps pour se maintenir en vie avant de rendre le dernier souffle. Wikipédia.

Cette jeune femme est pâle, elle a le visage jaunâtre, son teint est cadavérique. Sa bouche est entrouverte, les yeux sont ouverts, les mains sont crispées. Cette personne est issue d’un milieu aisé (voir le tissu, l’or brodé sur les draps, le décor peint sur la manche de la chemise de nuit, tout est propre et beau). Elle a 28 ans.
Le tableau permet de garder le souvenir. On mettait un rideau devant le tableau comme pour les œuvres de dévotion. C’est puissant de réalisme.
Ce portrait mortuaire ne montre pas la violence de l’agonie, violence qui est une pratique habituelle dans la peinture. Il est fréquent de représenter une personne morte jusqu’au XIXème siècle. (Voir le tableau de la femme de Monet,en 1879, Camille sur son lit de mort).

Pour réaliser son portrait, le peintre a réalisé un dessin au crayon sec du visage et des mains. Puis il a fait le portrait à la peinture, dans son atelier.
Au XVIIème siècle, la mort est omniprésente. On est très croyant. On garde le souvenir de quelqu’un que l’on veut rejoindre au paradis.
Ce tableau était dans l’appartement privé, dans l’intimité de la famille. Le cadavre semble vidé de son âme. Le souffle a disparu. On ne reconnaît plus la personne qui est devenue comme un objet.

La flagellation du Christ à la colonne. Vers 1606-1607. Michel Angelo Merisi dit Le Caravage (1573-1610).

Ce peintre a beaucoup de succès. Il a le caractère violent et va tuer un homme un jour dans la rue. Il devra, de ce fait, fuir Rome. Il peint de grands sujets.

Ici, Jésus a le torse nu et est entouré de deux bourreaux. Il est torturé et attaché à une colonne pour être fouetté. C’est une scène de violence. C’est ambigu.

Les personnages sont comme dans le noir, le torse du Christ est mis en lumière : c’est le contraste entre l’ombre et la lumière : c’est le Clair-Obscur.

Les personnages sont en mouvement ; ils ne sont plus figés, immobiles et de face. On croirait qu’ils vont sortir du tableau. Le Caravage s’inspire des gens de la rue, des mendiants qu’il prend comme modèles.
Le cadrage est comme un zoom resserré sur l’essentiel (on parle de plan américain en photographie).

Nous avons aussi admiré le tableau de Louis XV de François-Albert Stiémart, peint en 1728, d’après l’original de Hyacinthe Rigaud en 1715.
Le roi enfant est représenté avec la fleur de lys, symbole de la monarchie française, le sceptre, la couronne, le symbole de la justice, le manteau d’hermine (blanc tacheté de noir), le trône décoré à la feuille d’or.

Ensuite, nous avons étudié le tableau Henri-Jacques Nompar de Caumont, Duc de la Force en armure. Portrait de François de Troy en 1730.

Le portraitiste fait un croquis sur place, et au dernier moment il rajoute le visage (et souvent les mains, mais pas ici).
On passe commande d’un portrait plus ou moins cher. Des aides dans l’atelier réalisent le fond du tableau, le visage est peint par le maître.

Des portraits sont aussi réalisés par des femmes peintres :

Vénus et l’amour par Lavinia Fontana en 1592, à Bologne. Son père et son mari étaient peintres.

Ici la femme est nue : en effet, elle représente un personnage de la mythologie grecque ou romaine. Elle a les aspects d’une déessse de la beauté. Elle a des perles car Vénus est née de la mer. Elle est riche, elle a des bijoux, elle est belle, elle est éduquée. Cupidon est le dieu de l’amour. Il a des flèches d’amour et des flèches de détestation qui sont, elles, en plomb.
C’est un portrait de mariage. Le tableau a été envoyé avant la rencontre de la femme et de son futur mari à la famille du marié. C’est un mariage arrangé.
Les canons de beauté de l ‘époque sont : un grand front ( des cheveux ont été épilés), un grand cou. Ce sont des stéréotypes de beauté.
Il y avait un rideau devant le tableau : en effet ce tableau était impudique et immoral.
On ne voit pas la signature qui se trouve en fait dessous la peinture , au niveau des cheveux de cette dame.

Giuseppina Grassini dans le rôle de Zaïre est un tableau de Marie Louise Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1742). Il représente une cantatrice et a été peint en 1805.

Un autre tableau d’Adèle Romany représente un autoportrait présumé d’Adèle Romanée et de sa fille. Il est de 1799.

La personne est peinte en pied, en entier, Le grand miroir en pied (la psychée) a été inventé au milieu du XVIIème siècle, C’est une innovation technique.
Elle tient une toile dans la main, elle a un beau bijou, il y a une palette de peinture dans le tableau ; nous sommes dans son atelier. Elle porte un vêtement de travail ( qui ressemble à une chemise de nuit). Son corps est libéré : c’est une femme libre. Elle va vivre de sa peinture. Il faut se rappeler que jusqu’en 1960, la femme n’a pas le droit d’avoir un compte en banque. Dans le tableau, il y a une partition de musique, on s’intéresse aussi à l’archéologie, il y a du dallage par terre.

Nous avons donc réellement apprécié cette délicieuse visite du musée.

Que dire sinon qu’Un tableau traverse les siècles. Le but du musée est de rendre accessible à tous des oeuvres, de partager des savoirs et d’apprendre à apprécier le beau.
Les œuvres du musée des Beaux-Arts de Rouen sont en accès gratuit. Elles appartiendront toujours au musée de Rouen : elles sont inaliénables.